Ce qui est étonnant, c’est que les fabricants improvisés sont en mesure de vendre non seulement dans le circuit informel mais aussi dans les boutiques qui ont leur patente et qui font donc partie du commerce organisé. Les services de contrôle ont épinglé plus d’une fois un commerçant qui s’est approvisionné auprès de fabricants amateurs. D’où la nécessité de renforcer le contrôle au niveau de tous les commerces pour contrecarrer cette concurrence déloyale.
S’il est un secteur qui a tant souffert du marché parallèle, c’est bien celui des cosmétiques. On ne sait pas vraiment d’où viennent ces parfums, crèmes à visage et autres rouges à lèvres. Il s’est avéré après des analyses effectuées, récemment, par les services spécialisés que les produits provenant de source inconnue et qui sont vendus dans le commerce informel ne sont pas conformes aux normes de qualité en vigueur et peuvent avoir des impacts nocifs sur la santé et la peau. Pourtant, la gent féminine afflue en grand nombre vers ces commerces vu la gamme des produits diversifiée et le prix relativement abordable. Mais l’industrie tunisienne dans ce domaine s’est vu assénée un coup dur avec un manque à gagner important. Le commerce parallèle qui fonctionne au su et au vu de tout le monde avec impunité s’approvisionne, généralement, à partir de la Libye où plusieurs produits contrefaits et imités provenant de Chine et de Turquie, entre autres, pullulent à prix dérisoire.
Les vendeurs de ces produits ciblent une clientèle féminine particulière qui se distingue par un pouvoir d’achat limité. Cette frange ne cesse de s’élargir compte tenu de la dégradation de la situation sociale de l’ensemble de la population tunisienne après la révolution. Une partie de la classe moyenne a été reléguée à la classe pauvre. Cela constitue donc un filon précieux qui a été exploité par les vendeurs des produits contrefaits. Ce créneau ne cesse de se développer malgré les garde-fous mis en place par les pouvoirs publics et la mobilisation des agents douaniers sur les frontières.
Dosage anarchique des matières
Le secteur de la cosmétique se compose de plusieurs produits dont les parfums qui sont proposés en plusieurs couleurs et marques même les plus célèbres au niveau international. Cependant, le dosage des matières premières est effectué d’une façon anarchique, ce qui a un impact grave sur la peau et peut être à l’origine de maladies graves comme le cancer dermatologique. Les médecins ont toujours sensibilisé les femmes à éviter l’achat de ces produits de provenance inconnue et qui ne portent aucune garantie ni ticket de traçabilité indiquant les différentes informations relatives à la composition du produit et aux doses des matières ajoutées. Il est vrai que les produits cosmétiques d’origine peuvent être vendus jusqu’à 350 dinars pour les grandes marques de parfum !
C’est pour cela que plusieurs consommateurs préfèrent recourir au commerce parallèle pour satisfaire leurs besoins. Le pire est que ces parfums sont parfois utilisés pour les enfants qui ont des peaux sensibles et facilement altérables. Utiliser ces produits non conformes aux normes est très dangereux et les dommages causés à la peau sont parfois irrévérsibles même après les traitements effectués. Les services de contrôle économique qui sillonnent les grandes villes pour saisir les produits contrefaits n’ont pas réussi encore à mettre fin à ce commerce qui fait des ravages dans plusieurs régions.
Au niveau national, il existe des unités de fabrication de produits cosmétiques reconnues légalement. Elles disposent de leur patente, sont en règle avec l’administration fiscale et la sécurité sociale et font travailler une main-d’œuvre nombreuse. Toutefois, d’autres entreprises familiales concurrencent, de façon déloyale, ce tissu industriel et sont à l’origine de la baisse de la marge bénéficiaire. Ces unités familiales vendent leurs produits aussi bien sur le marché parallèle que dans le commerce organisé avec des marques purement tunisiennes et qui n’ont rien à voir avec les grandes enseignes internationales.
Un créneau en pleine expansion
Ces produits fabriqués localement trouvent également une clientèle auprès des jeunes filles et des femmes qui cherchent un parfum de qualité et à prix modéré. Dans ces unités, le dosage des matières premières se fait également de façon non étudiée. L’essentiel pour les fabricants est d’avoir un produit qui ressemble à un parfum sans prendre en considération les conséquences qui pourraient être néfastes pour la peau des consommateurs. Les professionnels agréés ont toujours réclamé l’assainissement du le secteur et de renforcer le contrôle pour rappeler à l’ordre ces fabricants non reconnus qui travaillent dans des conditions désastreuses. Certains d’entre eux disposent d’un petit atelier dans leur foyer doté de moyens de travail dont des appareils de pesage, des bidons remplis d’alcool et d’autres matières nocives.
Le secteur constitue un créneau en pleine expansion mais demeure encore peu organisé. Il suffit de s’approvisionner en certaines matières premières et de disposer de bouteilles en verre ou en plastique pour s’improviser, en un rien de temps, fabricant de produits cosmétiques. Ce qui est étonnant, c’est que ces fabricants improvisés sont en mesure de vendre non seulement dans le circuit informel mais aussi dans les boutiques qui ont leur patente et qui font donc partie du commerce organisé. Les services du contrôle ont épinglé plus d’une fois un commerçant qui s’est approvisionné auprès de ces fabricants amateurs. D’où la nécessité de renforcer le contrôle au niveau de tous les commerces pour contrecarrer cette concurrence déloyale.
Néanmoins ces fabricants de petite taille peuvent très bien intégrer le circuit organisé en effectuant certains aménagements et en suivant une formation appropriée pour avoir la certification et exercer leur métier en toute légalité. Ils doivent également déclarer leurs employés au régime légal de sécurité sociale et être en règle avec l’administration fiscale. Cette organisation du secteur rendrait le nombre des unités de production plus grand, mais la concurrence sera loyale et saine. Certaines entreprises sont en mesure d’exporter vers les pays voisins pour améliorer leur chiffre d’affaires.
Un secteur qui se cherche
D’une façon générale, le secteur organisé de la cosmétique en Tunisie se distingue par l’importation de plusieurs marques qui sont disponibles dans plusieurs parfumeries à prix relativement élevé. Cependant, l’industrie tunisienne dans ce domaine a atteint un niveau acceptable et plusieurs marques ont pu s’imposer sur le marché. Dans les grandes surfaces et les parfumeries, ces produits occupent une place de choix et sont demandés par les consommateurs. Certaines unités ont même réussi à exporter une partie de leurs produits. Mais ce secteur ne peut pas connaître la relance escomptée sans une organisation de fond en barrant la route aux produits provenant de sources inconnues et en intégrant les artisans dans ce métier et ceux qui travaillent en famille dans le secteur organisé.
Malgré la hausse des prix des matières premières, le prix des parfums reste relativement abordable. Les fabricants tunisiens veulent s’imposer sur le marché local en attirant l’attention des consommateurs sur les produits proposés aux dépens des marques étrangères onéreuses. C’est une laborieuse aventure qui n’est pas toujours couronnée de succès. Le fabricant tunisien est appelé à consentir des sommes faramineuses pour pouvoir se tailler une place dans un marché vaste et diversifié qui connaît une rude concurrence de toutes parts.
Le choix des consommateurs pour un parfum donné est basé sur un ensemble de critères dont celui qui a trait au prix. D’autres privilégient la marque qui doit être de réputation internationale et sont prêts à payer le prix fort pour offrir à leur dulcinée le parfum le plus raffiné et le mieux coté. En fait, les parfums sont vendus sur toute l’année à un rythme plus ou moins cadencé mais le secteur connaît une floraison notamment pendant les fêtes et les circonstances heureuses comme les mariages, les fiançailles et autres. C’est durant cette période que les commerçants peuvent faire des affaires et améliorer leurs bénéfices.
